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De nouveaux outils, de nouveaux métiers

Dernière mise à jour : 15 sept. 2021

Les débuts de l'infographie ne peuvent être dissociés de l'avènement du Macintosh, qui s'est traduit par une sorte de révolution dans tous les métiers de la publication : illustration, mise en page, photogravure Lorsque l'on analyse cette période, on se rend compte que quiconque avait reçu la moindre formation pouvait rapidement être engagé. Il semblerait que l'on est confondu la maîtrise de l'outil avec la connaissance d'un métier. Prenons l'exemple de la typographie. On peut posséder un nombre impressionnant de polices de caractères, si l'on ne connaît pas les règles typographiques, le résultat risque d'être très décevant.

Dans un deuxième temps, sur les offres d'emploi, outre la maîtrise des logiciels Illustrator, QuarkXPress et Photoshop, il fut spécifié que le candidat devait avoir de l'expérience. Puis le filon s'est tari, mais cela permit une grande mobilité : arrivée de jeunes, changement complet d'activité, reclassement Il faut replacer cette évolution dans le contexte global que connut la presse durant ces années.
Dans son livre, La Presse en France de 1945 à nos jours, J. M. Charon , nous donne plusieurs indicateurs de cette situation de crise : « En France, entre 1945 et 1988, le nombre de quotidiens nationaux est passé de 26 à 11 et celui des quotidiens locaux de 153 à 65. Le tirage total des quotidiens nationaux est passé sur la même période de 4 606 000 à 2 942 000 exemplaires. » D'autres facteurs sont à prendre en considération : la baisse des ventes, la diminution considérable de recettes publicitaires, la concurrence d'autres médias qui proposent des informations gratuites.
Aujourd'hui, on préfère former aux nouvelles techniques une personne ayant acquis une expérience du métier au sein même de l'entreprise. Sur ce fond de crise de la presse, les nombreux plans de licenciements ont gommé chez l'employé son appréhension de l'informatique et contraint l'employeur, dans le meilleur des cas, à organiser des reconversions.
A la question : « qui sont les infographistes ? », plusieurs réponses sont donc envisageables car ceux ci réunissent plusieurs profils et expériences très différents. Philippe Godard fait le constat suivant :« L'infographie a en effet attiré tour à tour des rédacteurs attentifs au traitement visuel de l'information, des secrétaires de rédaction ou des maquettistes (...), des graphistes en mal de débouchés, des dessinateurs de presse, sans parler d'ouvriers du Livre reclassés en presse quotidienne de cette manière. »

Création de L'AMIP


En novembre 1995, lors d'une rencontre au CFPJ proposée par Jean-Yves Viollier, une quarantaine de les professionnels de la presse ont décidé de créer l'Amip (Association des métiers de l'infographie de presse). L'association a pour but d'être un lieu d'échange et de réflexion sur les évolutions de l'infographie (pratiques professionnelles, moyens techniques).
L'Amip a dégagé deux termes pour qualifier celles et ceux qui œuvrent pour l'infographie. Même si parfois il s'agit de la même personne qui accomplit ces tâches, on peut distinguer le travail d'éditeur infographiste et celui d'illustrateur infographiste. Cela va nous permettre de mieux saisir quelles sont les qualités requises pour exercer cette profession.
L'éditeur fait le lien avec la rédaction. Il est d'ailleurs fortement conseillé qu'il puisse assister aux conférences de rédaction, car il a pour fonction de concevoir et de produire l'infographie qui accompagnera le sujet du rédacteur. Journaliste à part entière, il détermine quel sera l'angle à adopter pour retranscrire les éléments. Il effectue un travail de recherche lorsque les données souhaitées manquent ou sont incomplètes. Il est doté d'une bonne orthographe, sa fonction relève aussi du travail de secrétaire de rédaction puisqu'il peut être amené à rédiger titres et légendes. Il se doit d'exprimer de façon précise les chiffres qu'il exploite dans les bonnes unités, effectuant des rapprochements judicieux entre les faits présentés.


L'illustrateur infographiste prolonge ce travail et y apporte ces compétences graphiques (l'ordinateur se limitant à fournir des tracés de courbes ou de cartes géographiques qui, sans retouches ne peuvent être efficacement exploités). Dessinateur, il organise et hiérarchise l'information dans les limites de son infographie, mais il pense aussi à son incorporation dans la page en accord avec le directeur artistique. Dans cette description idéale, l'illustrateur connaît les règles de la typographie, a, bien entendu, exercé le métier de cartographe, et il sait utiliser parfaitement la panoplie de logiciels graphiques afin d'exécuter en temps et en heure sa réalisation. « Monsieur Camembert », comme on le surnomme parfois, peut se transformer en « Monsieur Système » lorsque le Macintosh refuse d'ouvrir le fichier en urgence, dernier élément attendu pour un « BAT » imminent. La dernière précision nous est fournie par Eric Lannay, infographiste au Parisien :
« Encore faut-il, pour cela, connaître un tant soit peu les règles de l'impression et de la quadrichromie. Pour éviter, par exemple, que le vert ne se retrouve avec une densité différente à la sortie. »
On peut émettre le souhait que ces infographies, bien souvent exécutées par la même personne faute de moyens, soit un jour le fruit d'un véritable travail d'équipe. Les infographies, comme les titres ou les photographies, figurent parmi les premiers éléments (et souvent les seuls) que le lecteur contemporain parcourt, ce qui devrait inciter les directions d'organes de presse à y consacrer plus d'importance.




#infographie de presse

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